Annecy, le 17 avril 2011, 8h00, le temps est frais, le ciel est bleu, cela est de bonne augure pour ce qui va suivre.
Depuis quelques années, je cours après…le temps.
Je connais bien le lac du Bourget, mais aujourd’hui je vais courir autour du lac d’Annecy,
pour mon 3éme marathon.
La préparation a été sérieuse, je le sais j’ai gagné en vitesse, mais au fruit peut-être de quelques sorties longues…
Habitué au marathon de Paris, avec ses plus de 35000 participants, je me retrouve au sein de 3200 participants.
Cela me permet d’être avec les élites (on parle du départ !) et de ne pas piétiner, de trouver tout de suite ma foulée de course.
Les jambes répondent et j’ai avec moi mon moral de gagneur.
J’ai comme objectif de courir à 4 minutes au KM, pour m’amener à un temps de 2H48-2H50 au maximum.
Au 5 KM, je suis en avance sur mon temps de passage, d’une minute. Cette fameuse minute, je ne suis pas prêt de l’oublier…
Contrairement à 2010, où je termine en 2H58 (mon record, à Paris), je cours devant le ballon de 3h.
je continue sur ce rythme, je me calle sur un groupe. Ce qui compte pour moi, c’est de ne pas accélérer et de garder une régularité dans l’effort.
Je vais garder plus d’une minute d’avance sur mon objectif, jusqu’au 30eme KM.
Au 10 KM, je passe en 39 minutes, je suis à 3 minutes de moins que l’année dernière.
Au semi, je passe à 1H23, soit 5 minutes de moins que Paris. Je suis vraiment bien.
Au 30 KM, je passe à 1H59.
Ensuite je poursuis, sur le même rythme.
Mais, au 35eme, je perds ma foulée car mes jambes deviennent totalement dures. Je sens que je perds pied. Je suis en train de payer ma minute de moins. Je le sais…j’ai tenté et je risque de tout perdre…
Je suis lâché par mes collègues de courses.
Je me retrouve seul, je cours seul face à la douleur, et je vois mon objectif qui s’éloigne.
A me demander si je vais arriver à finir. Mais pourquoi je n’ai plus de jambes…c’est physiologique… arrivant à atteindre le psychologique…il n’y a pas de doute.
Il reste encore 7 KM, je calcule soit encore au moins 30 minutes de course… j’ai en face de moi une grosse difficulté…cette difficulté je l’ai cherché, il va maintenant falloir la vaincre.
Je me remotive, ces 30 minutes, je ne veux pas les regretter. Je prends la décision de ne plus regarder le temps au km, il me faut que des choses positives dans mon esprit, à ce moment de l’épreuve.
Je suis sans arrêt rattrapé, par les concurrents, chose qui n’était pas arrivé, avant le 35eme.
Je repense à ma façon de finir les marathons, la même que ces concurrents qui me dépassent.
Mon moral de gagneur est au plus bas.
Mais, je me dois de finir en courant, je le sais maintenant, c’est l’esprit qui me mènera jusqu’au bout, le corps a fini sa partie…
C’est le 40eme, je retrouve un peu de vitesse jusqu’à l’arrivée…car le public aide et le corps est pressé d’en finir !
Pour les dernières foulées, l’émotion prend la place de la douleur, je réalise que c’est fini, c’était le plus dur de mes 3 marathons…
Je regarde mon temps, ce fameux temps, qui passe et qui ne se rattrape plus, pour lequel je cours…2H52 en temps officiel, peut être moins en temps réel, je ne sais pas…peu importe, l’essentiel c’est d’avoir gagné sur la difficulté.
je suis en blanc, je me réconforte auprès de l'élite !
au départ, toujours un peu tendu car il reste à faire 42,195 KM !!
je sympathise avec un beninois qui fait 4eme et est venu juste du Benin pour cet événement
vaincu sont ceux qui n'espérent pas vaincre...